Accueil > S.U.RR... > S.U.RR... 5
Bertrand Schmitt

Effiloche-moi

dimanche 29 juin 2008.
 

Effiloche-moi en deux sous de fortune

en quelques brassées je te saute au cou

je t’annihile
ta langue en tous sens me malmène par la bride

c’est encore pour moi la guerre à ton ventre

c’est encore pour moi l’orée des abysses

le contre plaqué au siphon

Par le trou de moi-même je me dévide

je m’enfonce sous tes frondaisons de plumes

pistonne outrageusement tes fêlures

aspire ton soupir par la moelle

mets en berne les saccades de tes reins

hisse mon râle en pavoisons d’écume

Effiloche-moi

brise en moi ton murmure d’innocente

calque le goût de l’heure à mon rythme

je voyage sur des rades d’incendies

des sursauts de saisons

des avancées de presqu’îles

je voyage pour rester au-dedans de mon nom

et pour l’imposer aux nuits trop malingres

Effiloche-moi

porte-moi en vrilles, en flammes, en haillons, en taillades

porte-moi et pique-moi en falaise

descends au plus bas de mon raidillon

fais passer la rive par-dessus mon épaule

glisse-moi à l’oreille des constellations d’acide

L’enfer est corné à ton œil

Et plus d’un diablotin s’est déjà blotti à l’abri de tes seins