Effiloche-moi en deux sous de fortune
en quelques brassées je te saute au cou
je t’annihile
ta langue en tous sens me malmène par la bride
c’est encore pour moi la guerre à ton ventre
c’est encore pour moi l’orée des abysses
le contre plaqué au siphon
Par le trou de moi-même je me dévide
je m’enfonce sous tes frondaisons de plumes
pistonne outrageusement tes fêlures
aspire ton soupir par la moelle
mets en berne les saccades de tes reins
hisse mon râle en pavoisons d’écume
Effiloche-moi
brise en moi ton murmure d’innocente
calque le goût de l’heure à mon rythme
je voyage sur des rades d’incendies
des sursauts de saisons
des avancées de presqu’îles
je voyage pour rester au-dedans de mon nom
et pour l’imposer aux nuits trop malingres
Effiloche-moi
porte-moi en vrilles, en flammes, en haillons, en taillades
porte-moi et pique-moi en falaise
descends au plus bas de mon raidillon
fais passer la rive par-dessus mon épaule
glisse-moi à l’oreille des constellations d’acide
L’enfer est corné à ton œil
Et plus d’un diablotin s’est déjà blotti à l’abri de tes seins