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La Tour Saint-Jacques

La Tour masquée

Dernier ajout le dimanche 14 janvier 2007.

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La Tour Saint-Jacques, au centre de Paris, est pour les surréalistes l’un des hauts lieux de cette ville. Seul vestige de l’église Saint-Jacques-le-Majeur, dite de la Boucherie, dont elle était le clocher, elle fut construite de 1508 à 1522, à l’emplacement d’un bâtiment nommé l’Hôtel de la Rose, sur le flanc sud de celle-ci. En effet elle fut d’abord, à l’époque carolingienne (IXe-Xe siècles), une chapelle dédiée à Sainte Anne, que des travaux agrandirent de 1146 à 1148. Deux siècles plus tard eurent lieu de nouveaux travaux qui en doublèrent la superficie. Certains de ceux-ci furent commandités par Nicolas Flamel, l’alchimiste dont l’échoppe d’écrivain juré, à l’enseigne de la Fleur de lys, s’adossait à cette église où il sera enterré. Avant que de découvrir le secret du Grand Œuvre, il participa au pèlerinage de Compostelle, dont Saint-Jacques de la Boucherie était précisément l’un des points de départ. En 1648, Blaise Pascal répéta dans cette tour l’expérience de Torricelli, qui fut à l’origine de la découverte du baromètre. L’église fut détruite en 1797, et au début du XIXe siècle la tour fut reconvertie en fabrique de plombs de chasse, avant d’être rachetée en 1836 par la Ville de Paris. Celle-ci la fit restaurer, l’enveloppant notamment d’une assise octogonale, haute de 14 marches, un square remplaça les maisons qui avaient été construites sur les ruines de l’ancienne église. Les travaux mirent au jour une stèle gallo-romaine représentant le dieu Mercure. En 1855, tout près, rue de la Vieille-Lanterne, Gérard de Nerval se pendit. Puis vint la terrible répression de la Commune, et le square servit de charnier aux victimes de la Semaine sanglante. D’autres travaux de rénovation furent entrepris de 1906 à 1912, puis de 1932 à 1937, et encore en 1968, lesquels occultèrent la Tour sous un masque d’échafaudages qui, selon Breton, « contribuent à en faire plus encore le grand monument du monde à l’irrévélé » (l’Amour fou). Depuis quelques années (et jusque fin 2009, promettent les édiles), d’autres échafaudages la cernent à nouveau car elle menace – comme le capitalisme ? – de s’effondrer sur elle-même. Pendant longtemps nul n’y vit circuler aucun maçon. Elle semblait s’être figée dans un masque de métal. Et puis, soudain, au printemps de 2006, nous l’avons vue « emballée » dans une tenture blanche qui la fait ressembler à un silo à grains, une tour de glace, de sucre-glace sinon à quoi, nous sommes-nous demandés. Aussi avons-nous décidé d’enquêter auprès de nos amis surréalistes. À nos yeux, elle semblait se dresser comme une énigme dérisoire en plein cœur de Paris, surtout au crépuscule précédant la nuit, entre chien et loup.


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