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CE QUI SERA...

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Depuis l’aube des années 2000, La Belle Inutile a pris le risque de ne pas être un des lieux où l’on discute de l’histoire de l’art surréaliste. Vocable étrange à tout le moins, mais discipline universitaire qui ne manque pas d’excellents spécialistes. C’est un métier - pas plus vain que bien d’autres – mais on peut aussi choisir de n'en avoir aucun, de n’avoir jamais sa main comme disait Rimbaud. En dépit d’une tendresse avérée pour ce qui fut, n’ayant guère de goût ni pour la déférence, ni pour les célébrations, ni même pour les célébrités, il a paru d’emblée incomparablement plus sage car plus insensé d’essayer de contribuer à ce qui sera.

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Carpe Diem
Zazie

Tempus fugit
Zazie

Depuis plus de 300.000 l’histoire de l’espèce n’aura été que l’aventure qu’autorisait le jeu entre les arts les sciences et les techniques - Et l'Écologie ! Rien de très surprenant à cela, sauf pour qui ne s’est pas avisé que le vivant, au cours des 4 derniers milliards d’années, aura été considérablement plus artiste, plus savant et plus technicien que ne saurait probablement jamais l’être l’espèce humaine. Ah! Oui, mais ça ne compte pas parce que c’est inconscient dira-t-on. Une technique inconsciente n’est pas une vraie technique. Les termes d’arts de sciences et de techniques ne doivent être employés qu'à propos d'activités conscientes et donc humaines. À quoi le premier virus venu rétorque en silence que la conscience n’intervient nullement dans le bon ou le mauvais fonctionnement des dispositifs techniques qu’il met en œuvre avec un succès que personne ne conteste.

Par une attitude mentale caractéristique d’un religieux qui s’entête et s’attarde, les idées dominantes de l’époque continuent d’accorder une importance tout à fait démesurée à la conscience et, en héritières des religions usuelles, c'est à dire néolithiques, persistent à dénier toute existence à l’immense trésor d’inventivité, d’astuce, de ruse, de rouerie et de sagesse lentement accumulés d’un inconscient vivant vieux de près de 4 milliards d’années. Domaine bien plus vaste donc, que ce qu’ont jamais pu tenter de saisir les techniques thérapeutiques psychanalytiques. Mais, sauf intervention divine, d’où auraient bien pu sortir ces quelques bribes de conscience dont les humains se targuent et par l’effet d’un saint principe dénient aux autres bêtes, hormis de cet immense océan d’inconscient de la vie même.

De même, à tout esprit tant soit peu soucieux d’athéisme il aurait dû depuis longtemps apparaître que la technique n’est nullement tombée du ciel mais qu’elle constitue tout au contraire une propriété originelle et centrale du vivant. Par un aveuglement typique du Réalisme qui ne veut croire qu’aux choses, la technique n'a d’abord été perçue comme spécifiquement humaine que parce que dans la plupart des cas elle se trouve le plus souvent mise en œuvre par des moyens extérieurs au corps – c’est-à-dire via ce que Bernard Stiegler appelle des organes exo-somatiques - tandis la technique par ailleurs mise en œuvre par le vivant s’appuie le plus souvent sur des dispositifs intérieurs au corps – via des organes intra-somatiques donc, selon la terminologie de Stiegler. Le cas du langage est particulièrement éclairant puisqu’il s’agit d’une technologie qui ne s’appuie que sur un organe spécifique, interne au corps, mais particulier à l’espèce humaine, au sens où nos très proches cousins les grands singes n’en ont pas d’équivalent.

Aussi est-ce en définitive par une fidélité à ce qu’il conviendrait d’appeler l’esprit du vivant que La Belle Inutile s’est d’emblée attachée à rechercher, identifier, expérimenter et mettre en œuvre les moyens artistiques, scientifiques et techniques de ce temps afin, chaque fois que possible, d’en faire un usage surréaliste.

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The forgotten brass band
Zazie

La Sérenissime
Zazie

Mais il fallait aussi aller plus loin et, en droite ligne des exigences du Premier Manifeste, il fallait comprendre comment, par quels méandres, le fonctionnement réel de la pensée avait pu nous mener jusqu’au désastre en cours. Comprendre le rôle central que l’imaginaire a joué dans la lente émergence des sociétés inégalitaires , rôle qu’il y joue toujours. Comprendre comment l’échange marchand transforme nos perceptions en profondeur et jusqu’à notre compréhension du Réel même. Comprendre comment la créativité des mathématiciens révèle un inconscient que les techniques thérapeutiques psychanalytiques n’avaient pas identifié. Comprendre comment l’inconscient procédural revient silencieusement hanter chacun de nos gestes pour le meilleur et pour le pire. Comprendre enfin comment la vie met systématiquement en œuvre le hasard interne , et jusqu’à des mécanismes de collage, pour anticiper les soubresauts du hasard externe et s’y adapter.

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La Victoire du Capital
Zazie

Hommage à Matta
Zazie

Critique

La critique, disait Nietzsche, est un service que l’on doit aux amis. Mais aux amis seulement, car un peu de présence d’esprit suggère qu’il serait oiseux, au mieux inutile, au pire désastreux de tenter d’améliorer l’ennemi. Un ennemi qui ne se révèle tel au demeurant que par l’impossibilité ou la rupture de tout dialogue.

Aussi est-ce sans doute par souci d’inefficacité que tant de gens aiment à se répandre en critiques négatives qui ne font que mettre l’accent sur la misère du monde, et par là y ajoutent, sans indiquer du tout le moyen d’en sortir. La critique négative, qui cultive les passions tristes, est trompeuse et hypocrite en ce qu’elle laisse croire à la supériorité du critique, qui apparaît comme détenteur de la possibilité d’un mieux, qu’il se dispense adroitement d’énoncer pourtant.

La critique positive tout au contraire, plus parcimonieuse et donc plus paresseuse mais surtout plus efficace, consacre ses efforts à louer ce qui lui semble être le meilleur dans ce que chacun apporte, et garde un silence poli quant à ce qu’il aurait peut-être été raisonnable de ne pas ajouter à un monde déjà fort encombré. Subrepticement, et souvent sans même que la conscience y prenne part, la critique positive dessine lentement les contours d’une utopie à l'oeuvre. En désignant ces petites failles de la réalité par où le vif et la poésie – c’est à dire le Réel - s’insinuent et se risquent, faisant apparaître le nouveau au sein du fatras réifié de l’ancien, la critique positive contribue à remédier à la faiblesse de notre pouvoir d’énonciation.

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Ore
Zazie

Ruissellement
Zazie

Surréalisme et Histoire

Et Jean Schuster, erra… Il ne saurait y avoir de surréalisme « éternel ». Tout ce qui est éternel sent la redite ou le cadavre. Le Quatrième Chant n’a jamais constitué que l’expression de la faillite intellectuelle de quelques parisiens. Texte d’une arrogance inouïe d’ailleurs, où, dans une étrange solution de continuité de l’imagination, on s’enhardissait jusqu’à décréter aussi autoritairement que mondialement la fin d’un mouvement pourtant depuis longtemps implanté en d'autres lieux de la planète que Paris. Selon les oracles combinés du chat de Schrödinger et du chat du Cheshire, il est presque certain que « Paris sera toujours Paris », comme est simultanément presque certain tout l’inverse. Mais quoi qu’il en advienne, il reste qu’il est peu d’exemples qu'une ville se soit voulue aussi peu sainte.

Un Quatrième Chan de propriétaires et d’héritiers très ordinaires donc - comme si quiconque pouvait se déclarer propriétaire ou héritier du Surréalisme. Les candidats au titre d’André Breton II n’ont pas manqué depuis, ignorants semble-t-il de cette remarque de Marx sur Napoléon III où s’avère que la seconde fois n’est qu’une caricature.

Sans doute en voudra-t-on à quiconque n’a pas souci de se mêler à ces passionnantes querelles d’héritage. Mais au-delà, mais aussi, sent-on point poindre sous la question « Est-ce surréaliste ? » quelque chose comme un souci sans boussole qui ne serait plus dès lors que de l’ordre du style ? Justiciable donc d’un Traité de 1928. Quelque chose comme ce « L’ai-je bien descendu ?» de Cécile Sorel - l’humour en moins.

Quelque référence qu’on fasse à quelque tradition qu’on voudra, elle ne saurait jamais valoir que par ce qu’il en est fait. Et quand bien même, en dépit de quelques recherches et de quelques efforts, il n’en serait rien fait qui vaille, pour autant qu’on ait vécu l’ivresse de ces recherches et de ces efforts, qu’importe l’étiquette du flacon.

Le Surréalisme n’a de sens qu’historique, s’enracinant – ou pas - dans toute époque qu’il sera capable de faire sienne et seulement pour autant qu’il se mette en mesure d’y agir.
Mais quant à cela, il ne suffit pas d’y prétendre, ce n’est pas donné à tout le monde, ce n’est même donné à personne. Mais que s’y joue ou non un peu espoir, au fond, que tenter d’autre qui vaille ? Est-il meilleur usage à faire de ce temps que d’y semer le trouble d’un autre ordre ?

Il se fait tard
Zazie

Marie-Antoinette
Zazie