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Les alchimistes de la rue Pernelle

Tarif de Nuit

A l’occasion des grèves et manifestations à Paris décembre 1995
mardi 12 décembre 1995.
 

Il y avait le morose et l’ennui, le bitume partout recouvrant les pavés, l’utopie déniée

Il y avait la corbeille de la Bourse, la défiance et la délation, les essais nucléaires, les intégristes de la croix et du croissant

Il y avait de grands massacres au pied du petit écran

Il y avait les sans-abri, les sans-papiers, les sans-avenir, les sans-amis, les sans-un-rond, les sans-un-rêve

Il y eut le pavé retrouvé pour dire non aux fascistes, aux curés, non à l’ordre moral, pour clamer la révolte, le droit au logement, le refus du béton qui pétrifie nos vies

Des banlieues mises au ban se rebellent et rythment d’autres chants

Il y eut au Chiapas le rire des Indiens qui fit tomber la pluie

Et il y a des grèves, parole libérée, des paroles s’échangent, cadences au ralenti, des consciences se découvrent

Il y a des mineurs qui séquestrent, des électriciens basculant les tarifs

Des cheminots en assemblée souveraine

Feux de nuit, feux de jour

Les villes de province qui dansent avec Paris

Il y a des chemins réinventés, des places redevenues publiques, le printemps en hiver au passage du désir, le retour du possible

Il y aura la grève, encore et toujours la grève, les passions retrouvées et le refus du chantage économique

L’argent devenu inutile, l’extension à tous de tous les privilèges, l’activité libre et le réenchantement de la vie

Le jeu, le rire, le rêve

12 décembre 1995
Les alchimistes de la rue Pernelle

Contact : éditions surréalistes, 52, bd de Ménilmontant, 75020 Paris