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du "webism" en ses œuvres mortes

Les pâles toquets de la toile

mercredi 22 septembre 2004.
 

Depuis quelques années, les termes « surréaliste » ou « surréalisme » sont
utilisés abusivement par des artistes ou des groupes d’artistes
assistés par ordinateur. L’essentiel de leur activité est de
s’abandonner à l’imaginaire des logiciels d’art graphique pour produire
sur un rythme soutenu une imagerie fantastique de faible intensité
passionnelle où nul ne saurait reconnaître sans mauvaise foi
l’aspiration au merveilleux et au réenchantement du monde par le rêve,
le désir et l’utopie qui avait marqué jusqu’alors les créations
picturales des surréalistes, de Max Ernst à Hans Bellmer, de Toyen à
Guy Girard. Dans le genre, on connaissait déjà les fantasmagories bien
léchées de sous-science-fiction de l’auto-proclamé « surréaliste
suisse » H.R. Giger, le dessinateur d’Alien ; on découvre maintenant les
productions d’un fantomatique « International surrealist group ». Basé
aux Pays-Bas, il rassemble des participants n’ayant en commun, à
considérer leurs proclamations, que de présenter leurs pauvres
productions sur le web ; ils le savent d’ailleurs fort bien eux-mêmes
puisqu’ils n’hésitent pas à se placer sous la bannière du « webism »,
réseau « global » d’artistes où toute éthique surréaliste est absente
afin de permettre au n’importe quoi de s’amuser en toute virtualité
avec le presque rien. Cette entreprise confusionniste n’eût guère
mérité qu’une attention compatissante de notre part si, du 27 mai au 2
juillet 2004, une « International group exhibition » ne s’était tenue
au Museumsquarter de Vienne, hors du monde virtuel cette fois-ci et
dans la sordide réalité des institutions culturelles ; et qu’à titre
d’adhérente de l’« International surrealist group » précité, n’ait
participé à cette exposition, patronnée par la mairie de Vienne ou
l’État autrichien, peu importe, la principale animatrice du « site »
« Zazie zone ». Jusqu’alors, malgré de vives réserves de plusieurs de ses
membres, le Groupe de Paris du mouvement surréaliste avait consenti à
maintenir des liens avec ce « site ». On comprendra que, dans les
conditions présentes, ces liens, désormais, n’aient plus lieu d’être.

Le groupe de Paris du mouvement surréaliste.