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Voyage nocturne de jour

(pour Penelope)
samedi 2 mai 2009.
 





Ce matin cela ne fait pas de différence
si le monde est rond ou plat
ou si ses trois extrémités
inscrites dans la fourrure
plongent dans l'innocence sans merci
du niveau de la mer sans attaches

Le violoncelle transpose le vent
avec une pluie non-transcrite
Les poignets sacrificiels regardent
les yeux du temps
avant que les pas grattants
perdent compte de la somnolence sans sommeil
Entre les planches lourds soupirs
reposent comme des boucs
Trais-les et ancre de la noirceur
à tes pieds comme des pigeons
L'eau disparaît dans les palmes
Les étoiles sont les seules sentinelles
le sang la seule précaution

Silence catalytique provoquant les membranes de chaque seconde
La fenêtre regarde son couteau
rendu à la lune hululante
ou les dépouilles des chiens étendus sur les marches
Les automobiles épaississent la bouche de la rue
Le piéton évapore ses chaussures
marche sur l'air sur l'eau au haut d'un arbre au-delà de l'horizon
Aucune arche peut-être
seul un bon vent
et un bon matin

- Franklin Rosemont
Chicago, 29 mai 1965
(extrait de The Morning of a Machine Gun, Surrealist Edition, 1968), traduction transmise par Dominic Tétrault