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Au bon endroit

samedi 6 janvier 2007.
 

Nous avons reçu près de 50 réponses. Nous avons procédé à un premier dépouillement visant à apporter une contribution sur le thème des masques et rituels proposé à notre investigation par nos amis tchèques. Nous avons choisi de publier certaines des réponses ici en annexe.

Certains amis, reconnaissant le lieu magique sous sa bâche-masque, n’ont pu jouer ou ont été gênés. Certains ont fait « un choc au blanc » (1), se fixant à lui pour décliner des associations liées au sucre, au sel, à la neige, à la glace (voire au sucre-glace ou au sucre d’orge). Mais pour l’essentiel cela a impliqué peu de réponses liées à l’ingestion (ou bien par dénégation dans le cas de Jan Švankmajer), sauf agapes incluses dans les rituels eux-mêmes, mais où, pourtant, nul n’avale le lieu.

Masque :

Le parallélépipède blanc évoque un masque mortuaire (8 réponses vont en ce sens), celui de Lautréamont, de Frankenstein. Celui-ci est parfois double comme celui unissant William Blake et Elisabeth Vigée-Lebrun, à moins qu’il ne soit celui de Pierrot grimaçant de folie, il est « masque de boue » pour Sarah Metcalf ou « casque d’escrimeuse en sucre glace » pour Eugénie Morin, masque mortuaire d’un incinérateur d’hôpital, selon Gareth Brown.

Il est porteur de menace (ou protecteur) quand il se fait « visière de heaume en ivoire » (Stephen Clark), « casque intégral » (Anne Pellegrini), à moins qu’il ne soit celui d’une brigade antiémeutes » (Merl Storr). Bien entendu il évoque le carnaval et ses loups.

Le métal et l’humide s’associent dans la plus pure analogie ( en hermétisme tout ce qui coule est analogique à l’eau). Pour certains il est question de neige, d’argile, de boue, d’eau ou bien il est associé au scaphandre du capitaine Nemo(Joël Gayraud)(2). Miguel de Carvalho attribue le masque à un marin nocturne, pour lui des « marcheurs avec gants de mousse descendent et respirent l’intérieur de l’eau ». Dan Stanciu a découvert que le lieu a été habité par « une poignée de chercheurs d’eau lavable ».

Ce qui rappelle de près ou de loin l’histoire de la Tour :

La chapelle première était dédiée à Sainte Anne, la terre noire, la matière chère aux alchimistes. Curieusement, en lisant les réponses, nous nous sommes pris à en associer certaines aux arts libéraux comme s’ils y avaient inscrit chaque degré de leur échelle. Négation de l’aristotélisme ? Si les arts libéraux ont, pendant tant de siècles, structuré l’entendement et donné un cadre formel au savoir, pourquoi longtemps après l’automne du moyen-âge avons-nous tant de plaisir à nous saisir aujourd’hui de ces catégories vétustes ? L’imagination pour se faire entendre peut-elle reprendre et détourner tout ordre ancien qui la nie ? Le lieu pour Dan Stanciu se situe « aux confins de la grammaire céleste ». Aussi avons-nous lié la grammaire aux langues inventées (le volapük certes mais surtout l’arachnéen), aux langues de la cécité ou du silence (Braille, langue des signes), aux codes secrets (grammaire du mot ou du geste). La dialectique (qui devrait, bien pratiquée ne se mener qu’en arachnéen) nous renvoie aux tissages d’accroche-comète de Sarah Metcalf, et de là à la peinture de Véronèse : la Dialectique (ou l’industrie).

La rhétorique est moindrement présente, mais Jan Richter nous propose des « rituels de planification », Stephen Clark propose d’écrire un poème concernant « les relations comiques entre le brocoli et le cerveau », et Paul Cross un haiku « tissé dans du sucre tourné ». L’arithmétique ouvre à « la croissance végétative du nombre 8 chez Dominique Paul, Alfredo Fernandes évoque la répétition de formules mathématiques visant à « réduire le vivant à l’abstraction ». František Dryie met en compétition 1000 ascenseurs divisés en 33 équipes. Fractionnons donc ! La subversion de la géométrie fait nos délices dans la réponse de Dan Stanciu : « Tous ces visiteurs nocturnes sont cubomanes ou même carrément obtus. Chacun d’eux arrive muni d’une lampe arabe et accompagné par un triangle nourricier. » La musique (du vacarme au requiem, d’un hymne national à une chanson d’enfant, d’expérimentations électro-acoustiques à la musique sélénite) est présente maintes fois. Luke Dominey constate le « développement de l’audition sélective ». Au sommet de l’ascenseur des arts libéraux, l’astronomie ou l’astrologie ont la part belle que ce soit sous le nombril du monde, au passage d’une comète, sous les multiples aspects de la lune ou « sur une hauteur infernale, sous une multitude de soleils noirs, dans un midi parallèle de la France » (Dominique Paul). Les prévisions des astrologues sont publiées et vérifiées ; « en cas d’erreur le responsable de la rubrique peut disparaître », atteste Jean-Pierre Guillon.

Après avoir taquiné l’aristotélisme, nous avons retissé quelques liens entre les mythes portés par le légendaire de la Tour et de ses environs et les réponses de nos amis.

Les rituels qui nous ont été dévoilés attestent de mises en acte de mythes de la création. Le culte souterrain évoqué par notre amie Kathleen Fox rappelle les Vierges Noires, comment oublier la chapelle dédiée à Sainte Anne ou le lien mythique de Paris avec Isis (Bar-Isis : bateau d’Isis), comment oublier Nerval ? Le « carré noir », visible sur les photos, se fait pour elle table d’orientation sur laquelle s’imprime l’image de la lune, rappelant le lien entre le féminin et la lune. La tour est, d’ailleurs, selon Gabriela Trujillo : « le sanctuaire du culte lunaire » et l’on y entend une musique sélénite. Nikos Stabakis propose de « la transporter à New York pour y emprisonner la statue de la liberté (la fenêtre dévoilerait son sexe) ». Mais les réponses nous ont rappelé aussi Hécate et son pouvoir sur les marins. L’emblème des marchands d’eau de Paris (bateliers), au moyen-âge était un bateau, que l’on retrouve encore aujourd’hui sur les armoiries de la ville, avec la devise Fluctuat nec mergitur : il vogue sans couler.

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Armoiries de la ville de Paris :
"De gueules au navire équipé d’argent voguant sur des ondes de même, au chef cousu d’azur à un semé de fleurs de lys d’or, qui est de France ancien".

Parfois, les rituels attestés préparent des interventions sur le monde extérieur pour l’empoisonner. Lorsqu’ils sont menés par des femmes, en connexion avec les cycles lunaires, ils mettent en acte des charmes dignes d’Hécate et de Médée, de la luxuriance et de l’exaltation des sens à la mort de certains mâles. La tour alors n’a pas de lieu fixe et peut surgir n’importe où, avant de disparaître dans la transparence. Plusieurs réponses de ce type sont faites par des femmes. Terrifiants pouvoirs des Vierges noires, de ces femmes « vivant dans un labyrinthe de cavernes au-dessous de la construction (Kathleen Fox) », des cycles de la lune, du féminin primordial : le féminin peut se faire menaçant, meurtrier, y compris quand les statues de l’érotisme s’empoisonnent elles-mêmes après avoir, semble-t-il, étreint les maçons endormis (Eugénie Morin).

Que risquent donc les tailleurs de pierre qui, en ce moment, travaillent « en vitrine » dans un atelier de sculpture de taille ? Ont-ils à craindre Sébastien, le mystérieux roi portugais évoqué par Dominique Paul, qui vécut là, nous dit-elle, à sa « sortie de l’Agarttha, sous l’identité d’un faux prisonnier politique passant pour muet ». Le boulevard Sébastopol, à l’ouest du square en témoignerait-il de ce passage ?
Au-delà des liens avec les légendes de la tour, nous avons découvert que nos amis nous entraînent dans ses alentours, du square des Innocents à la Seine.

Dystopie

L’eau est l’élément dominant, mais elle est souvent putride, et peut couler en ruisseaux nauséeux alimentant des canalisations. Un merveilleux jet d’eau arc-en-ciel, qui s’écoule en rendant le bâtiment transparent, laisse à la disparition de la tour « une substance putréfiée semblable à du mucus noir » (Kathleen Fox).

Le lieu où Jan Richter situe l’édifice est le quartier de « la Défense » à Paris. Il condense assez bien nombre de réponses, tant dans l’aspect « répulsif » de celui-ci que dans les attributs conférés au « masque ». Pour Bruno Montpied, passionné d’art brut, ce lieu suscite des conflits, tant parce qu’il faut prouver ses compétences pour y être admis que parce que ce monde labyrinthique semble être celui des chicanes permanentes. Ceux qui sont parvenus à y entrer « passent leur temps à modifier les questions qui sont posées dans les recoins du labyrinthe et qui sont destinées à mener les chercheurs vers l’entrée de la tour. Comme il n’existe aucun arbitre pour départager les questionneurs et les répondeurs, de nombreuses controverses surgissent menant à des batailles sanglantes parfois. Ce lieu a paradoxalement conduit les individus qui se sentaient concernés par le sujet qu’il illustrait à des divisions et des luttes interminables au lieu de leur apporter le bonheur. »

Il y a aussi ceux qui en ont vu l’apparence de dent, d’os, d’ivoire, et cet aspect de « squelette » est bien entendu en corrélation avec les aspects mortifères ressentis par beaucoup de joueurs. Les squelettes accompliraient-ils la danse de la mort ? À deux pas de la Tour était le Cimetière des Innocents où l’on pouvait voir une Danse macabre et un Massacre des Innocents (selon une commande de Nicolas Flamel), peint à fresque. Aujourd’hui nous y voyons une fontaine près de laquelle des « femmes en noir », silencieuses, manifestent leur refus des guerres.

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Le Cimetière des Innocents en 1785

Les états mentaux évoqués : catatonie, schizophrénie, hébéphrénie, dépression, paranoïa, ou « une compression douloureuse de la boîte crânienne entraînant une plongée tourbillonnante et nauséeuse qui prive de pensée par excès de conscience sensorielle » (Dominique Paul), rendent compte de la toxicité prêtée au lieu et mettent l’accent sur une réception négative de celui-ci.

L’usage des poisons sécrétés par la décomposition, que nous avons évoqués plus haut, peut mener à des pratiques telles que la nécromancie (Nikos Stabakis). Diverses formes de putréfaction sont présentes dans les réponses. Rappelons-nous qu’au moyen-âge ce quartier était véritablement pestilentiel : les matières fécales, les urines, les rognures et les morceaux de gras, ainsi que des ruisseaux de sang s’écoulant dans les caniveaux en provenance des étals des bouchers infestaient le lieu, sans compter qu’il y avait rats et cochons. « Dans le sucre d’orge turc il ne peut y avoir que le processus de fermentation », en conclurait Jan Švankmajer !

Autre forme de menace, plus invisible, plus actuelle : l’édifice a, selon Allan Graubard, été conçu pour « collecter et diffuser des cauchemars par compression électrique. » Pour plusieurs, la surveillance exercée par le pouvoir, que celui-ci soit hors la tour ou dans la tour, vise à coloniser les cerveaux. Philip Kane nous signale que des rituels gouvernementaux y sont pratiqués dans le but de capturer les rêves de la classe ouvrière et ceux-ci seront utilisés pour le loisir des riches (la bourgeoisie en étant incapable de rêver), autant que pour exploiter plus efficacement les prolétaires au travail. Comme il se doit ces rituels sont secrets, mais notre ami nous a envoyé une photo prise par un activiste survolant le lieu en montgolfière :

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Image prise en montgolfière

Mais le pouvoir s’intoxique sans s’en apercevoir. Jill Fenton évoque des « rituels subversifs où l’on voit des alevins se développant dans les crottes d’horribles chiens de surveillance géants. Ces alevins à partir des caniveaux s’introduisent dans toutes les canalisations et tuyauteries des bâtiments administratifs et officiels pour saboter tous les formulaires et rendre leur dû à ceux qui ont été spoliés, introduisant une ouverture à l’amour. »

Silence terrifiant, ou naissance d’un autre monde ? Le chaos voulu de certains rituels vient du refus de la parole et de son remplacement par le Braille ou la langue des signes, tandis que l’on fait son de tout sauf des mots (Stephen Clark).

Eugenio Castro nous affirme que ce « n’est ni un château de la subversion », ni « la Claire Tour » chère aux anarchistes, mais « leur totale négation ». Les réponses les plus nombreuses allant en ce sens proviennent de la République tchèque et de Grande-Bretagne, nous donnant à penser à l’évolution de notre société depuis la fin du rideau de fer. Aussi n’est-il pas étonnent que huit de nos amis proposent de détruire la construction. Cependant une bonne partie des réponses va dans le sens de l’utilisation à des fins ludiques et subversives des possibilités de métamorphose. De fait, les rituels visent, de manière dominante, à conjurer, saboter ou détruire le système de surveillance sociale, de contrôle imposé par le pouvoir.

Utopie ?

Plusieurs réponses nous ont renvoyés aux côtés séditieux des rituels, à leur aspect défensif autant qu’à la menace qu’ils peuvent faire peser sur la société capitaliste. Nouveau surgissement des « jacques » du moyen-âge, cette fois en plein cœur de la ville, ou de bouchers armés de coutelas ?

Non loin des caniveaux, Allan Graubard nous signale, qu’à la nuit, « des clochards qui vivent dans les égouts se glissent à l’intérieur pour se payer quelques heures de bon temps. Non dans le but de refaire ce qu’ils faisaient et ce qu’ils étaient avant de devenir clochards - celui-ci un banquier, celui-là un ingénieur- ils se costument avec tout en bric-à-brac trouvé par ruse. Et quand toute cette ménagerie est prête, ils commencent à chanter et à taper des mains, faisant les uns et les autres des variations renouvelées sur de vieux airs - une tribu de Mardi-Gras en exil. À l’aube, ils partent en traînant les pieds, heureux de s’être retrouvés encore une fois dans le rythme, le rythme, le rythme qu’ils aiment. » Comment ne pas associer cette réponse au Fisher King de Terry Gilliam ?

Pour Stephen Clark si c’est le lieu de vie d’une communauté silencieuse, ayant fait le pacte du silence et dont les rites « concernent la réactualisation d’un événement qui eut des conséquences tragiques et toujours actives », il est aussi question que celle-ci « forme une sorte de mythe de création ».

Eros est présent, mais peu, et relativement pauvrement : trois fois à travers des orgies orgasmiques, des bacchanales de squelettes ou sous couvert de rites maçonniques, sur fond de requiem de Mozart, ou sous l’égide de Rabelais et de Fourier. Pour Dominic Tétrault, sont mis en œuvre « des rituels d’une nouvelle érotisation. Les participants doivent gravir une échelle jusqu’à la partie ouverte et jeter des objets par cette ouverture vers l’extérieur. Le bruit des objets se fracassant au sol entraîne des réactions stimulantes pour ceux qui assistent aux bruits sans pouvoir constater l’état destructif de l’impact des objets sur la surface meurtrie. […] Les spéculations entre lanceurs et entendants doivent être résolues dans une série prolongée de souffles et frottements contre la paroi de la construction. Les vibrations produites par les coups de pelle et de balai sont amplifiés par une prise de son avec micros-contact et les couches sonores jouent en boucle et se superposent en un gigantesque bourdonnement qui accompagnera l’ascension du prochain lanceur. Mike Peters veut en faire quelque chose comme un accumulateur d’orgone (cf. W. Reich).

Pour Dominique Paul : « À la tombée du soir, on aligne des matelas sur le sol, on couche des gens dessus, puis on les couvre d’une autre couche de matelas, sur laquelle on allonge d’autres personnes. On recouvre le tout de couvertures râpées et on laisse fermenter toute la nuit.

« À l’aube, on déballe les corps échoués à demi inconscients, alors les animaux sauvages de la campagne environnante - oiseaux, lapins de garenne et autres rongeurs - rentrent par les fenêtres à barreaux et viennent effleurer délicatement les peaux douces, provoquant une extase rare chez ces hommes et ces femmes alanguis.

« Il semble qu’il s’agisse d’un rituel sexuel antique, gratiné, retrouvé dans de vieux grimoires de ce monde souterrain auquel on peut accéder par les caves de la tour. Ce serait justement l’obscur roi portugais qui en aurait réinstauré la coutume ».

Parfois sont évoqués les charmes de plaisirs frissonnants, d’union alchimique : « les couples en voie d’initiation doivent se placer dans la position du couple philosophal » écrit Michaël Löwy, Michel Zimbacca imagine « la réalité se rêvant hermaphrodite ». Paul Cross en fait « l’église intérieure des Vierges de glace pour lécher le Nouveau Monde dans l’existence. Amour pour les Sapphic Christabels ». Pour Dan Stanciu le raffinement vient d’étranges frôlements comme « les caresses des limes ».

Gabriela Trujillo évoque : « des rites se tenaient pendant des siècles en ce lieu parmi les rares sélénites qui restaient en ce monde. Par son fort magnétisme, cet endroit dérègle les boussoles et même défie la gravité. Les soirs de nouvelle lune, les fidèles se pressaient afin de participer à des rites d’apprentissage de vol sous rythme d’ocarina. La photographie est peu éloquente, mais les dimensions de cette colonne d’air permettent à chacun des assistants de dévoiler sa nature aérienne, son cœur de nuage ou bien son devenir papillon. Un endroit de rêve, bien évidemment. »

La mobilité de la construction, sa capacité à s’envoler ou à disparaître dans la transparence, si elle est potentiellement chargée de négativité chez Kathleen Fox, présente chez elle des merveilles sensorielles et sensuelles. Comme dans le pays de cocagne, « le temps de la célébration commence maintenant, on joue de la musique, de vieux amis et de nouveaux amants se saluent, on boit le liquide de la fontaine, des fruits et gâteaux sont cueillis sur les arbres, une fête des sens commence. » Et pour qui ne craint pas l’envol : « chacun s’habille en araignée pour tisser des toiles et des fils font des cordes qui sont liés à la construction, à laquelle est fixé un filet pour attraper la comète. Quand elle passe, elle enlève la construction et la met dans son orbite », écrit Sarah Metcalf.

Pour Michel Zimbacca : « On y apporte les larmes versées pour en extraire le sel, les soupirs exhalés pour en rassembler les souffles, les frissons recueillis pour galvaniser les impétrants, les bonheurs débordés pour allumer le tout et rassembler l’énergie requise à la ritualisation à l’envi des coups de pied au cul à tout ce qui s’agenouille, se prosterne, s’aplatit ou se fige à commandement. »

Lieu d’utopie ou en appel à « une civilisation non encore apparue » (Eugénie Morin) ? Il nous a semblé que si ce n’était pas tout à fait cela cette grande construction blanche, située à deux pas de la rue des Lavandières-Sainte-Opportune et de la rue de la Lingerie pouvait être comparée, non au « grand frigorifique blanc » d’André Breton, mais à une gigantesque machine à laver les miasmes de ce temps. Sur le lieu de cette « tour abolie » , blanchissons donc Latone, et déchirons les livres ?

Paris, le 11 septembre 2006

(1) cf. test de Rorschach.

(2) cf. Vingt mille lieues sous les mers de Jules Verne.

(3) « Jacques Bonhomme » était le surnom attribué aux paysans, d’où « les jacques ». Les révoltes paysannes depuis la guerre de Cent ans furent ainsi appelées des « jacqueries ».

(4) « Le grand frigorifique blanc dans la nuit des temps

Qui distribue des frissons à la ville

Chante pour lui seul. »

André Breton, « Le Soleil en laisse », précédé du poème « Tournesol » dans Clair de terre.

(5) « Je suis le ténébreux, - le veuf, - l’Inconsolé

Le Prince d’Aquitaine à la Tour abolie :

Ma seule Étoile est morte, - et mon luth constellé

Porte le Soleil noir de la Mélancolie ».

Gérard de Nerval, « El Desdichado ».

Robert Amadou, qui créa la revue La Tour Saint-Jacques , en 1955, est mort, à Paris, le 14 mars 2006. Les travaux ont commencé en mars 2006. Nous présumons qu’il n’a pas vu la Tour emballée…