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L’écoute s’il parle

1999.
 

Dois je trouver étrange
qu’une couleuvre aux yeux cobalt veille
à l’entrée de ma maison qui attend, immobile,
sous l’assaut patient des herbes ?
Alors que le ciel en habits du dimanche range
ses chemises très blanches au bord de l’horizon.

Cependant que la dame qui ne raconte pas ses rêves
s’est mise nue dans son jardin,
un hérisson enroulé sur la paume de sa main tendue.

     Loutre d’amour.
Son pied foule et disperse une mue écailleuse.

Le poirier centenaire se peigne
d’un souffle d’air,

     lettre de mer,
délivré de la vigne jamais taillée qui l’étouffait.
Les vrilles affolées cherchant d’autres étreintes...

Et alors que je dors,
par l’embrasure de la fenêtre ouverte,
la lune passe silencieuse et légère
illuminant ma chambre d’ocre clair.

     Sa lumière m’éveille. Tout est calme.
Sauf…
... c’est comme un frôlement. C’est le doigt du crapaud
dont le regard est rouge.

Dans l’attente,
il frotte la pierre imperceptiblement,
avant de traverser le champ à découvert.

Le vin frais de la nuit bleuit,
et l’étoile d’Ouest, la deuxième apparue,
bascule sur l’horizon pour entraîner le ciel entier

     l’arte d’amore.

Au matin, tirant les sonnettes au hasard,

     un ange,

        l’être de mort,
en souliers vernis, costume très strict,
fera du porte-à-porte proposant ses services
« Ni traces, ni cendres, ni souvenirs... »

Après après-demain,
il y aura longtemps,
ta robe cueillie sur le chemin
où je ne marche plus
se fanera.

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Alena Nadvornikovà