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Bruno Montpied.

samedi 13 janvier 2007.
 

Où se situe cette construction ?
Au sommet d’une pinède dominant l’océan, par delà l’espace dunaire et les plages.

Quand fut-elle bâtie ?
À la fin du XXe siècle.
Dans quel but ? Ériger à l’insu des importuns une réplique détournée de la Tour Saint-Jacques à Paris. Elle est inachevée et c’est pourquoi elle est encore entourée de cette gangue blanche qui est en fait un échafaudage et une protection. Son architecte avait gardé de la tour originelle les mêmes dimensions (ainsi que certaines statues et gargouilles), mais avait distribué différents étages en paliers consacrés à chaque fois à un créateur d’environnement inspiré déjà connu. Des fragments du Palais Idéal du facteur Cheval étaient reconstitués au rez-de-chaussée, les rochers de l’abbé Fouré à Rothéneuf occupaient le premier étage, des mosaïques de Picassiette avaient été reproduites au deuxième étage, le troisième étant occupé par des statues de Fernand Châtelain dialoguant avec d’autres de différents autres auteurs comme Albert Gabriel, René Escaffre, Lucien Favreau, le quatrième étage étant soudé avec le troisième car construit en mezzanine. Un ascenseur, dont une partie dépasse sur la photo, au sommet, reliait les différents étages, décoré des boîtes de Paul Amar, grand amateur de coquillages et d’univers rutilants. Les étages supérieurs étaient consacrés aux accumulateurs, type Bodan Litnanski, ou aux fresquistes et inventeurs de machines (Petit Pierre). A sa base, que l’on ne voit pas sur les photos, était situé un labyrinthe, destiné à perdre les amateurs purement voyeurs ou simplement superficiels. Le chemin de l’entrée n’était trouvable qu’après avoir répondu à un questionnaire particulièrement pointu sur le corpus des environnements naïfs spontanés.

Qui a pu y habiter ? Un autodidacte passionné des sites d’art brut en plein air. Se sentant perpétuellement prisonnier il avait reproduit par esprit sarcastique les barreaux d’une prison sur la fenêtre que l’on voit sur la photo. Il avait un petit logement à cet endroit.

Que pourriez-vous en faire et y faire ? On pourrait le continuer, le restaurer, le prolonger, en faire un centre de documentation sur ce type de créations.

Que serait-ce si c’était :
un animal ? Un escargot.
un végétal ? Empelopsis.
un minéral ? Une ammonite.
un poème ? Le poème de Breton sur le facteur Cheval de 1932.
une langue ? Une langue qui emprunterait sans cesse à plusieurs autres langues (comme le romani ?).
un masque ? Une gargouille.
un état mental ? Introversion et euphorie mêlées.
un symbole ? La spirale.

Des rumeurs font état de cérémonies secrètes, la nuit. De quoi s’agit-il ? Quels en sont les rituels ? Quel en est le déroulement ?

Oeuvrant à l’extension des connaissances concernant les sites qui sont représentés dans la tour, toutes sortes d’individus viennent régulièrement vers elle pour glaner des informations ou en déposer. Le caractère de ces personnes est sérieusement introverti. De grandes jalousies existent entre elles, car une sorte de volonté de puissance s’est faite jour en eux. Ils passent leur temps à modifier les questions qui sont posées dans les recoins du labyrinthe et qui sont destinées à mener les chercheurs vers l’entrée de la tour. Comme il n’existe aucun arbitre pour départager les questionneurs et les répondeurs, de nombreuses controverses surgissent menant à des batailles sanglantes parfois. Ce lieu a paradoxalement conduit les individus qui se sentaient concernés par le sujet qu’il illustrait à des divisions et des luttes interminables au lieu de leur apporter le bonheur. De temps à autre, certaines associations tentent de calmer le jeu en convoquant des réunions nocturnes où sont fait état des griefs des uns et des autres. Mais jusqu’ici, ces cérémonies n’ont rien donné de positif. Il n’a toujours pas été possible, notamment, de désigner celui, ou ceux, qui pourrait occuper le logement devenu vacant.