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Pierre Peuchmaurd (1948-2009)

vendredi 1er mai 2009.
 

 

 

 

Les trains dans la menthe

la main dans l'étreinte

la nuit violette aux œufs de femme

les forêts bleues au bas des ventres,

le sang sait ça

le sang sait la poussière

la lumière et l'écharde

et les doigts des amantes

dans la brèche bleue des bois

 

           Scintillants squelettes de rosée, Simili Sky, 2007.

 

 

 

Notre ami Pierre Peuchmaurd est mort le 12 avril 2009.  Un enchanteur, un poète. Qui avait trouvé dans le surréalisme  « une des passions de sa vie » et « son axe moral ». Il avait participé à des aventures collectives relevant éminemment de l'exigence surréaliste telles que les éditions Maintenant et la revue Le Cerceau, et avait animé de minuscules entreprises éditoriales comme L'air de l'eau ou Myrddin qui publiaient, pour le bonheur d'une constellation restreinte et sûre, certains des plus grands occultés de notre temps. Mais avant tout c'est sa voix singulière que nous écoutions, que nous attendions à chaque nouvelle parution – et là, dès l'ouverture du recueil, l'enchantement coulait de source. Voix de feuilles mouillées et d'envols dans les sous-bois, voix de cailloux jetés dans l'étang la nuit, voix qui, comme nulle autre, en ces années les plus hostiles au lyrisme qui furent jamais, a fait vibrer, de toutes ses harmoniques, la poésie, la maintenant inaltérée au-dessus des décombres d'une langue chaque jour un peu plus mise à mal. C'était la voix d'un amant de l'amour, la voix qui va droit au cœur, mais aussi la parole acérée et lucide, qui ne transige jamais sur l'essentiel, et porte au centre de la cible. Quand disparaît un poète, c'est une île, dans l'archipel du langage, qui s'enfonce sous les eaux. Il n'en reste, dans les textes, que l'empreinte cristalline et, nous le savons, nous ne lirons plus que ce qui a déjà été écrit. Cependant, les images inespérées, les attelages inouïs de mots dont chaque nouveau poème suscitaient le jaillissement, se lèveront toujours devant nous. Ils ne se prendront pas dans le givre de la mémoire. 

 

Parmi les dizaines de livres et de recueils que Pierre a égrenés sur sa route depuis quarante ans, et qu'ont souvent illustrés ses amis, nous citerons :

 

Plus vivants que jamais, Robert Laffont, 1968.

L'Embellie roturière, Éditions Maintenant, 1972.

L'Oiseau nul, Seghers, 1984.

Les Bannières blanches, illustré par Robert Lagarde, Fata Morgana, 1992.

Le Diable, illustré par Jorge Camacho, L'Embellie roturière, 1993.

Arthur ou le système de l'ours, illustré par Robert Lagarde L'Ether vague, 1994.

Parfaits dommages, avec cinq photographies de Nicole Espagnol, L'Oie de Cravan, 1996, 2007 (réédition augmentée).

À l'usage de Delphine, illustré par Jean Terrossian, L'Oie de Cravan, 1999.

Encyclopédie cyclothymique, illustré par Jean-Pierre Paraggio, Cadex Éditions, 2000.

Bûcher de Scève, L'Escampette, 2002.

L'Œil tourné, illustré par Hervé Simon, Cadex Éditions, 2003.

Colibris et princesses, L'Escampette, 2004.

Au chien sédentaire, Pierre Mainard, 2005.

Le Tigre et la chose signifiée, L'Escampette, 2006.

Scintillants squelettes de rosée, avec une photographie d'Antoine Peuchmaurd, Simili Sky, 2007.

Alices, illustré par Georges-Henri Morin, Les Éditions de surcroît, 2008.

La Nature chez elle, sur des images de Jean-Pierre Paraggio, Collection de l'Umbo, 2008.