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Esther Moïsa

LE SANGLIER DENTELLE

jeudi 7 novembre 2002.
 
(Il EST VERT AVEC UNE QUEUE DE POISSON)
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e sanglier dentelle hante les vieilles dames au coin des cheminées
Pioche et piolet j’aurai vos peaux ! Mais déjà
vous glissez dans l’horloge fondez sur la langue
Plus lourd que la nuit mal tombée
comme vous passant la porte l’été dernier...
L’œil brûle sur la broche ses désespoirs variés.
Le sanglier-dentelle dévore trente-six chandelles
au premier choc de minuit sur le tranchant du monde.

Ne cognez pas si fort le coeur sur le glacier !
Il y va de la corne où sèche l’araignée du chagrin.
Des débris d’astres à la hâte tricotés
marcassins de siècles dressés au pied levé
tournent sur le seuil vous infligeant belle rossée.
Le sanglier dentelle sert de passoire au soleil fracassé.
Vert-peur et vert bouteille je serai ta charogne
Vert absinthe c’est trafic de destins
qui se mélangent entre le trèfle et le foin.
Vert-amande c’est l’amant de demain
qui se mène par le bout du groin.

Le sanglier-dentelle est une torpille à queue de poisson
qui pour les noces fait sauter les armures.
De toutes nos forces en bousculade on appâte
la piste fendue de la croupe au museau
on sert le tout très chaud entouré d’asticots
pendant qu’éclatent les pistaches de la roucoulade.
C’est la faim fouie par années de grenades
L’orchidée triomphante dérobant nos potées de fantômes
là où les solitudes se chérissent au rabot.
Un centenaire plongé à l’envers vertical
plus une minute supplémentaire
à hure à dia reniflant pour conquérir la souille.

Le sanglier-dentelle fête ce soir ses sept vies véronèses.
Par un raccourci du platane passe ses pattes dans l’éternité
grillant marrons et châtaignes se demandant sans fin que faire
du jour troué semant les secondes les semaines
ces bagatelles qui claquent en gueule entrebâillée.
Deux cônes parfaits dans l’épaisseur prospère
Hauteur un mètre d’humeur au garrot !
Je vous vois faire au ciel grêle de feu
et fontaines de ces dentelles de sang interminable.

Mais le sanglier-dentelle n’est pas une canne à cheveux blancs
Ni un écritoire d’écorché ni le bruit aigre du sablier
Ni un baobab bariolé à genoux dans la bauge.
Le sanglier-dentelle n’est pas un œuf à bretelles
dans le coquetier bondé des terres retournées.
Le sanglier-dentelle n’est pas la soie du froissement
redescendant des balançoires du temps
rival de la blessure enfoncée dans sa proie.
Je vous traque aux banquets vous remorque aux sous bois
J’accroche l’échelle aux pinceaux je retire
les basses carcasses des fosses de la perpétuité.


(sur un rêve dessin de Jacques Duvivier)
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Katerina Kubikova