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Dan Stanciu

la femme dessinée

mardi 3 décembre 2002.
 

D’un coup deux lacs disparaissent sous ses paupières qui maintenant se sont baissées

La scène de l’après midi quand elle avait fui de la maison où les billets de soie de Chérie et Chouchou étaient mangés par des papillons de nuit se répétait Le même athlète de bronze jette son ombre dans le bassin d’un escalier différent Différents aussi sont les rythmes de l’ivresse Mais les cris des paons et des valets de carreau sonnent de même qu’alors Toujours en avril

Peignez-vous les visages -elle leur demande bleu ou mauve ils seraient plus agréables Il apparaîtrait un peu de joie sur ces visages défunts

Ils ne veulent pas Chacun se demande comment la faire taire Ils chuchotent entre eux Ils la neutraliseraient plus aisément si elle n’était si jolie si elle n’avait dans la bouche tant de manières à les humilier En fait ils l’adorent mais comme des caniches Ils gardent leurs visages de chaux

Elle n’aime pas la façon dont la robe lui va Elle l’enlève Sur son épaule droite elle a un pis minuscule gravé dans la peau Les quatre rayons ont des noms de pierres précieuses : Améthyste Béryl Calcite Diamant

J’ai les ai sucé tous affirme un des éléments du décor Il meurt immédiatement suffoqué par une rose Les autres décident de ne pas commenter ce qu’ils voient

Un cercle se ferme pour qu’un autre cercle plus large puisse s’ouvrir Elle à l’intérieur

Cette lumière me fait mal dit elle en ne s’adressant à personne en particulier Il est vrai le sol est allé sur une autre voûte et gît là bas presque étranger La lumière maléfique vient d’un tigre qui passe à travers les spectateurs

Elle s’est assise sur les marches Elle a plié une jambe et allongé l’autre Ses cheveux se sont détachées des épingles et lui ont couvert le visage On ne voit pas ce qu’elle fait de ses lèvres Sur son épaule gauche elle a deux dessins Un lance pierres et un compas

Le lance pierres a lancé une boîte entre les pieds du compas Dans la boîte pépère Noé dort sur le dos et rêve d’un abattoir

Sur les genoux deux autres dessins Deux roues une d’étoiles l’autre de feux Sur la hanche un serpent Au dessus la troisième vertèbre lombaire une tour d’emblèmes Sous les clavicules une barque et deux pêcheurs penchés par-dessus le bord pour regarder ses seins Dans les cous de pied des groupes de quatre chiffres peut être des ans

Elle se lève et s’en va Les dessins sont tombés de son corps et brûlent cette page

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